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PRESENTATION:
Khénifra (berbère Xnifra, en
tifinagh ⵅⵏⵉⴼⵔⴰ,
arabe: خنيفرة) est une ville du
Moyen Atlas au
Maroc, capitale des
Zayanes, tribu
berbère, située à 160 km de
Fès, et à 300 km de
Marrakech dans la
province du même nom. Selon le nouveau découpage, la
province de Khénifra fait partie de la région
Meknès-Tafilalet : Formée des préfectures Meknès-El
Menzeh et Al Ismaïlia et de quatre provinces (El
Hajeb,
Ifrane, Khénifra
et
Errachidia), la région Meknès-Tafilalet avoisine les
deux millions d'habitants, moitié rurale et moitié
urbaine.L'activité économique de cette région reste
dominée par le secteur tertiaire (43,2 %). Le milieu
rural y représente près de 76 %. Elle est considérée
comme la perle des montagnes marocaines aux couleurs
rougeâtres et surtout comme la capitale des lacs.
Toponymie et étymologie :
Khénifra est la dérivation du verbe
berbère
[1] « khanfar » qui signifie
« agresser », en raison d’un fait historique. À un moment donné la ville a été
prise de force à la tribu des
Ait Bouhaddou
(sous-tribu Zayane). Pour manifester leur hégémonie sur la ville, les Zayanis
firent de Khénifra une zone de contrôle pour les non Zayanis. Ils établirent un
système « douanier » pour les transitaires, qui furent obligés de payer une
taxe. Selon une autre version anecdotique, l’étymologie proviendrait de
l’histoire d’un homme fort qui agressait les passants.
Akhanfer veut dire « catch ». C’est un
jeu très répandu au Moyen Atlas. Le
toponyme désigne le lieu où se déroule le jeu.
Khénifra tire également son nom de sa géomorphologie en raison de son
enclavement entre 4 montagnes : « Al Hafra ». De la
coloration rougeâtre de sa terre, un autre nom lui est attribué, Khnifra
AlHamra : « Khénifra la Rouge ».
Histoire de Khénifra:
La région de Khénifra constitue sur le plan stratégique un atout, qui
permettra de contrôler la porte de Tadla et de Taza, malgré la résistance et la ténacité guerrière de sa
population.
L'histoire de Khénifra prend origine de deux monuments historiques, les seuls
d'ailleurs existant encore actuellement :
- La Kasbah d'Adakhssal (à 15 km de la ville) et du fameux pont sur l'Oum
Errabiaa dit « portugais », probablement construits à la même époque que la
Kasbah de Khénifra. Historiquement, la présence portugaise n'a jamais été
mentionnée dans des manuscrits de l'époque.
Kasbah
patrimoine défigurée
L'histoire de Khénifra est liée à ces deux monuments classés historiques par
le Ministère de la Culture Marocain en tant que patrimoine national Kasbah de
Moha ou Hamou (dahir du 26 décembre 1933 portant classement – B.O. N° 1114 du 2
mars 1934 - P.186). La Kasbah de Mouha ou Hammou Zayani et le vieux pont
marquent la conscience des Khnifris où le présent et le passé s'entremêlent dans
la conscience collective de ses générations. Ce pont est toujours érigé malgré
les nombreuses crues qu'il a dû subir. Une légende s'est forgée autour du vieux
pont : on croit qu'il est bâti avec des œufs (selon la tradition orale).
Soumission du
Pacha Hassan Amahzoune juin 1920 au général Poemyrau
La ville de Khénifra, a été prise par les légionnaires, (composés de
Sénégalais, d'Algériens et Goumis marocains recrutés à Chaouia) en juin 1914, sous le commandement de Richard d'Ivry
qui avait acquis au Maroc une réputation
légendaire au cours de la campagne du Maroc dans la région de Meknès et au Tadla où il avait servi sous Charles Mangin : stratège militaire qui pu
éviter l'affrontement avec les Zayanis avant la
soumission des tribus allant de Chauoia jusqu'aux confins
du « pays Zayane ».
En référence au « Journal des marches et opérations de la 2e batterie du 1er Régiment
d'Artillerie de Montagne [3] pour la période du 6 septembre 1912 au 16
octobre 1913 », le commandement des forces d'occupation du Maroc était conscient
des risques de l'affrontement directe avec les tribus des Zayanes lors de la campagne du Maroc
1907-1914. Dans ce rapport, Charles Mangin décrit avec précision les différentes
phases de sa campagne.
Trois mois après cet évènement, une contre attaque aura lieu à Elhri, le 13 novembre 1914 : la bataille d'Elhri,
engagée imprudemment par le colonel
Duverdier à l'assaut du campement du rebelle Mouha ou Hammou, contraint
de quitter la kasbah, occupée par les militaires.
On note également les manifestations contre le Dahir berbère, promulgué le 16 mai 1930,
dont le but était de séparer les berbères des communautés arabes.
Avant l'arrivée des soldats du sultan Moulay Hassan Ier
en 1877, Khénifra n'était rien d’autre qu’un point de transition de transhumance
entre l'Azaghar et le Jbel. C’est à partir de là que Khénifra
prendra sa dimension de ville. Malheureusement, Khénifra ne s'est pas
développée, pendant la colonisation, à la hauteur de ses potentialités
naturelles (elle fait partie du Maroc dit
inutile).
Elle est connue pour sa résistance farouche lors de la colonisation française, réputée par
la bataille
d'Elhri (village situé à 20 km de Khénifra) (13 novembre 1914), qui s'est
soldée par la victoire des Zayanes et d'autres tribus berbères voisines :
Ichkirn Elkbab, Ait Ihnd Krouchen, même des Ait Hdiddou et
des Ait Atta, pour la première fois
unifiées. Cette victoire symbolise la gloire des tribus et le grand prestige que
s'est forgé Mouha ou Hammou Zayani où la colonne de
l'officier Duverdier fut quasiment anéantie, mais la riposte coloniale ne tarda
pas à se manifester par le déploiement de sa panoplie militaire afin d'isoler
les Zayanes et restreindre leur aire géographique et les contraindre à se
réfugier dans les montagnes. Le blocus des tribus Zayanes se réalisa avec succès, le grenier marocain de
Tadla est ensuite mis en sécurité contre les attaques des Zayanes.
Le 2 juin 1920, le Pacha Hassan se
soumet au Général Poeymirau
(1869-1924), très proche collaborateur du maréchal Lyautey.
La ville est également connue pour ses soulèvements populaires et ses
événements :
- Août 1994 : Manifestation contre le Dahir berbère soutenu par certains caïds
ayant à leur tête le Pacha El Glaoui, le pacha Hassan Amahzoune et
certains intellectuels hostiles à l'ethnie berbère (grèves, prières prononçant
le « Latif » en demandant à Dieu de ne pas séparer les berbères de leurs frères
arabes …). Ce mouvement de protestation lancé par l'élite bourgeoise Fassi issue
de l'enseignement traditionnel prendra la tête de la résistance jusqu'à
l'indépendance en 1956. Cependant, la question Amazigh ne cesse d'engendrer des
polémiques. Conscient du problème, le roi Hassan II avait proposé dans son
discours du 20 août 1994, l'enseignement de la langue berbère (le Tamazight, Tachelhit et Le Tarifit).
Ce geste marquait le point départ d'une certaine décongestion politique envers
les Amazighes.
La gare
routière de Khénifra
- 20 août 1955 : l'anniversaire de la déposition du roi Mohammed Ben
Youssef provoque une insurrection à Khénifra (trois journalistes tués), Oued
Zem, Immozer Maroucha, Ait Alahem (Aderj) et à Casablanca. Événement marqué par une répression
massive sur ordre du Général Gilbert Grandval, journée sanglante pour la
population de Khénifra surtout les tibus Zayanes qui encerclèrent la ville,
l'ordre du massacre fut ordonné, la ville de Oued Zem n'a pas été épargnée par l'exaction du tyran
qui trouva la mort dans les montagnes de Khénifra le 22 août 1955 lors de
l'explosion de son avion. Le bilan est de 700 morts du côté Marocain, 49 morts
européens (chiffre que Charles-André Julien qualifie de
ridicule).
- Mars 1973 : événement de Moulay Bouazza. Action perpétrée par le Tanzim, branche dissidente du parti l'UNFP d'orientation révolutionnaire (1963-1973),
dont l'acteur principal fut Fqih
Basri, partisan de la lutte armée. Des éléments du groupe s'infiltrent à
Khénifra, Goulmima, et Tinghir.
- Le 2 mars 1973, une action suicidaire fut entreprise à Moulay Bouazza, par
Mohamoud, mort ensuite le 5 mars 1973 lors des combats. Cette action fut un
fiasco, la population n'y avait pas pris part. Elle restera néanmoins
traumatisée par la répression de certaines tribus Zayanes. Après
la décrispation du processus politique et dans le cadre de l'Instance équité et
réconciliation, le rideau fut levé pour permettre aux victimes de témoigner,
mettant fin aux années dites de fer.
- Le 17 octobre 2001, le discours d'Ajdir adressé à la nation par le
roi Mohammed VI à Khénifra,
lors de la cérémonie d'apposition du Sceau chérifien scellant le dahir, crée et
organise l'Institut royal de la culture amazighe. Ce discours a permis de donner de nouvelles
impulsions aux défenseurs de la thèse Amazigh en tant qu'entité nationale et patrimoine
incontournable.
Géographie:
Située entre quatre grandes montagnes, Bamoussa à l'ouest, Akllal à l'est, Bouhayati au nord et Jbel Lahdid (ou
Bouwazal : montagne de fer en berbère) au sud. La ville est traversée par le
fleuve Oum Errabiaa ou Oum
Erebia.
Khénifra se trouve sur la route principale 24 (axe routier utile pour
l'économie de Khénifra) à 160 km de Fès,
et à 300 km de Marrakech. Située à
826 m d'altitude (N : 32º 56.142' -
O : 05º 40.465'). Selon le nouveau découpage, la province de Khénifra fait
partie de la région Meknès-Tafilalet : (Meknès, El Hajeb, Ifrane, Errachidia, Beni Mellal, Khénifra).
Climat:
Le climat de cette région est continental ce
qui influe sur les amplitudes thermiques saisonnières, voire même journalières.
À un hiver rigoureux succède un été chaud.
La pluviométrie varie
selon les régions entre 400 et 700 mm/an en moyenne
Fiche technique:
carte:
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